vendredi 6 mai 2011

Les plants

A force de me planter j'ai décidé de devenir planteur.

Le métier commence par la terre que l'on creuse comme l'on creuserait sa propre tombe : la découverte d'une vie souterraine peu appétissante avec ses pierres et ses vers, ses mauvaises racines qu'on peine à enlever, voire quelques cloportes qui tentent de s'en échapper. On s'émeut un instant, c'est certain, qu'il y ait une vie sous cette terre. Mais pas celle dont on aimerait faire partie, ou alors le plus tard possible.

Je commence à planter et tout change : je ne vois plus que la beauté puérile de cette petite pousse de salade que je manipule avec précaution dans le creux de ma main alors que je la porte en terre. Enterrée ? Le mot fait peur, et pourtant le geste est si délicat. Je la borde de terre comme on borderait un enfant dans son lit. Dors bien petite pousse, et donne moi le plaisir, jour après jour, de te regarder grandir.

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